Organiser votre randonnée en toute liberté
Voyage fait en 2018
Le Cantal, Le Plomb et les Puys
A peine rentrée du Rassemblement EquiLiberté 2018, je découvre la météo pour les prochains jours : une canicule est annoncée. Je n'ai aucune envie de passer les prochaines journées cloîtrée à la maison, et la décision est vite prise ; il faut chercher les hauteurs pour avoir de la fraîcheur. Les chevaux vont bien, le camion et les bagages sont prêts, et les quelques courses sont vite faites. Je prends mes cartes, passe un petit coup de fil pour réserver le camping, et nous voilà sur la route pour le Cantal. Oui, ce sera l'Auvergne, car dans les Pyrénées la météo annonce des orages tous les jours, et dans le Cantal ce sera un soleil radieux. J'ai choisi comme base Le Claux, au pied du Puy Mary, dans le camping municipal accueillant les chevaux. Pendant la route j'ai tout le temps de décider de mon itinéraire. Depuis que j'ai lu "Le Parfum" de Süskind, j'avais envie de visiter le Plomb de Cantal. Ce sera donc le but de cette randonnée.
Nous passons une bonne nuit à Le Claux, le camping est calme, et le champ pour les chevaux plein d'herbe à coté de la rivière. A partir de Le Claux, après le passage à la Maison d'Office de Tourisme, nous commençons la première montée par le Bois de Lavialle. Régulière et facile, c'est une bonne mise en jambes.
Plusieurs barrières et portiques me forcent à mettre pied à terre, mais ils sont assez larges pour permettre le passage de Ringo avec ses bagages. Pendant ces 4 jours ils seront innombrables, les passages d'un champ à l'autre. Au bout d'une heure, nous arrivons au Col de Serre, pour contourner le bâtiment du ski de fond et rattraper le GR400 qui longe la crête. Les premières vues s'offrent à moi. Majestueux, le Puy Mary et le Puy de Peyre Arse, et entre les deux Les Fours avec la Brèche de Rolland. J'essaie de deviner le point de passage pour passer de la face nord à la face sud de cette formation rocheuse. Le GR passe par le buron d'Eylac, et rejoint la D680. Dans l'épingle à cheveux nous passons par le portail pour rejoindre le sentier en contrebas des rochers. Après quelques centaines de mètres nous sommes obligés de rejoindre les sentiers des vaches, car un mur à droite nous bloque le passage. Par un mammelon herbeuse nous rejoignons un bel abreuvoir, et un peu plus haut nous retrouvons le sentier qui nous emmène vers le passage entre le Puy Mary et le Puy de Peyre Arse. Par un chemin très fréquenté nous arrivons sur le Col de Cabre. Pique-nique au soleil, mais pas de siëste aujourd'hui, il y a foule sur ce col étroit. Nous croisons même un groupe de jeunes accompagnés, avec des ânes bâtés qui portent le pique-nique.
Nous reprenons le chemin vers le sud, et au Col de Rombière, le premier portique étroit m'oblige de décaisser Ringo pour le franchir. Nous plongeons dans la vallée par les pistes de ski. La bière est fraîche à l'auberge-étape cavalier, au Col de Font de Cère, et la descente se termine sous les rampes-tremplin en bois des pistes VTT. Les vttistes dévalants la montagne et sautants à toute vitesse font un boucan d'enfer dans ces bois, et Ringo et Rumba n'en croient pas leurs oreilles. La traversée de la station de Super Lioran, en pleine effervescence estivale avec musique, télésièges en marche, et jeux, ne les rassure pas non plus, et c'est avec une jument danseuse que je quitte la civilisation. Pas pour longtemps, car ma recherche pendant une heure d'un lieu pour le bivouac n'aboutit à rien, faute de trouver un point d'eau. Je retourne donc dans la station, et me replie dans le gîte d'étape "Le Buffadou". J'ai eu un très bon accueil, et je passe une super soirée en compagnie de plusieurs randonneurs pédestres. Rumba et Ringo font les stars en pâturant en liberté dans les environs, puis se reposeront au pied de la maison pendant la nuit.
Le matin je reprends le GR passant par le Rocher du Cerf, dans une belle forêt, et c'est par une crête ascendante que j'arrive au pied du Puy du Rocher. Ici je prends à gauche, pour rejoindre le Col de l'Aiguillon, et passer au plus près du Puy. Mais là, un passage sur le GR est vraiment infranchissable, un mur de 2 m de haut. Nous rebroussons chemin, et rejoignons les pistes de ski-VTT. Rapidement nous sommes au Pas des Alpins, puis au pied du téléphérique, avec le bar-snack . L'endroit est bondé de monde, le téléphérique rend l'ascension facile, et c'est des groupes entiers qui se suivent et montent le Plomb du Cantal. J'attache les chevaux à un truc en métal, et je fais comme tout le monde, 280 marches larges en bois pour rejoindre le sommet. La vue est vraiment magnifique. Le cairn sur le sommet est le plus grand que j'ai jamais vu. Des milliers de pièrres, assemblées en une oeuvre collective. Mais je ne m'attarde pas, des parapentistes se préparent pour l'envol, et les chevaux sont juste en contre-bas. Nous reprenons le GR400 direction sud, c'est une ancienne voie romaine sur plusieurs kms. D'abord nous sommes sur des sentiers sur le Puy de la Cède , le Col de la Chèvre, et le Puy Gros, avec quelque passages rocailleux, puis sur des chemins larges à travers les estives.
Un groupe de cavaliers croise notre chemin. Les portiques et barrières se suivent. Au buron la Tuillière le GR400 prend à droite, et le portique très étroit m'oblige à décaisser pour la deuxième fois. Une bande de génisses Salers nous prends pour des copines. Les cabrioles et les galopades énervent Rumba, mais laissent Ringo de marbre. Il a bien changé, je me rappelle la première rencontre avec des vaches, demi-tour et plein galop!!! L'allée dans la forêt est très raffraîchissante, et l'étape se termine à Lafon. Je passe la nuit dans ma tente, à coté du Four Banal, où mes affaires sont bien à l'abri. Les chevaux sont dans le champ communal, très escarpé, et ils continuent à crapahuter, on ne dirait pas qu'ils sont fatigués. Le robinet fournit l'eau potable. Les voisins sont sympathiques. C'est le bivouac idéal.
Le matin les chevaux ne sont pas très reposés ; la nuit en liberté, avec les allers-retours dans le grand champ, laisse des traces. Je quitte le GR400, les voisins m'ont prévenu de sa dangerosité, et c'est par le chemin passant par le Casteltinet et le Becquet que j'arrive à la Molède. Ici les fermiers me disent que le chemin est bouché, qu'il faut remonter et prendre dans le champ le sentier indiqué. Il est facile, bien débroussaillé, et descend jusqu'à la hauteur du chemin de fer. Quelques kms de goudron pour traverser Lagoutte et Thiézac, et à partir de Laubret nous sommes sur un sentier de randonnée très rocailleux, au pied des formations rocheuses magnifiques. Je contemple les montagnes de l'autre coté de la vallée, où j'étais la veille. Peu après la Bastide une belle piste nous fait passer devant le gîte d'étape Le Clou, avec son totem plein de chaussures de randonnée. Mais j'étais allée trop loin, c'est juste avant le gîte qu'il faut prendre le GR400 à gauche. Un très vieux chemin monte sur le plateau. Une pause à la Vacherie de la Poche s'impose, le buron à l'est est ouvert, la source est en contre-bas. Sur le Puy de la Poche un grand troupeau de race Aubrac occupe le GR400, vaches, taureau et veaux. Nous faisons un grand détour. Après 2 passages de portail, le 3ième est complètement hermétique au chevaux. En plus, le chemin est au bord d'une falaise à partir d'ici. Que faire, rebrousser ou chercher un autre passage? Rebrousser est la dernière solution, je retourne dans le premier champ, où j'avais remarqué des traces d'un véhicule. Je les suis, et oui, c'est bon, ils vont aussi au Col en contre-bas de l'Elancèze, où je retrouve le GR400, qui est de l'autre coté de la clôture. Heureusement il y a un portillon. Une belle descente dans la forêt nous guide vers le Col de Pertus. Encore 2 km, et je quitte le GR400 pour suivre un sentier de randonnée à gauche, bordé de burons, donc peut-être de bivouacs possible. Mais nenni, trop envahi de ronces, trop sale, occupé, aucun convient. Arrivée à Larmandie, je me résouds à rejoindre Liadouze, où ma carte indique la présence d'un gîte d'étape. Mais il n'existe plus, il est à Mandailles maintenant. Je retourne par le goudron, et en route je remarque le camping avec beaucoup d'herbe verte sur l'autre rive de la Jordanne. Nous traversons la rivière, et je vais demander un emplacement au bar du camping. L'accueil est chaleureux, c'est avec plaisir, il y a même un rond de longe, Rumba et Ringo vont bien se reposer cette nuit. .
Le matin commence triste, il pleut à mon lever. Mais ça se calme, je peux préparer les chevaux au sec. Au bar de Mandailles, le petit-déjeuner avec viennoiseries change de l'ordinaire. Aujourd'hui nous allons suivre scrupuleusement la piste équestre entre Mandailles et Le Claux. L'étape est longue, je n'ai pas droit à des écartades. Après le premier kilomètre le ton est donné, pluie pour toute la matinée. Nous contournons le Puy de l'Esclade par des pistes forestières mouillées. Le Puy Griou ne se montre pas, le plafond est trop bas. Puis ça se lève, rapidement les contours des Puys se révèlent. Le Puy Griou est là, et le Puy Mary aussi. Nous allons sécher en marchant. Nous rejoignons le Col de Rombière, pendant un bon km nous serons sur nos pas d'il y a 3 jours. Au Col de Cabre nous quittons le GR400 pour plonger vers le nord dans le vallée de La Gravière. La descente est technique, dans des roches volcaniques qui roulent sous les pieds, et des multiples marches à négocier. Rumba n'est pas concentrée, elle regarde au loin, et s'arrête souvent. Je suis obligée de la motiver. Et soudain je comprends la raison. Ce que j'avais pris pour un troupeau de vaches est en réalité un groupe de cavaliers qui viennent à notre rencontre sur la même piste. Rumba les avais repérés bien avant moi. Je presse le pas, car ce n'est pas possible de se croiser dans cette descente. Arrivé sur la partie herbeuse je m'arrête et nous mets sur le coté, en attendant que le groupe de 10 cavaliers nous dépassent. Dès leur passage, je reprends la descente, beaucoup plus douce. Et une nouvelle rencontre, 2 cavaliers qui se reposent dans un petit creux. Décidément, ce parcours équestre est fréquenté. Le buron de Col de Cabre est un lieu parfait pour faire une halte. Une belle peinture orne ses murs. Et j'en trouve quelques autres plus loin le long du chemin, exécutées sur des rochers. A partir d'ici le tracé est facile, avec des larges pistes herbeuses, en passant par La Boudio, La Courbatière, et le Prat Taissy. Puis nous arrivons sur la D680 qui nous amène sur le Col de Serre. Rumba et Ringo sentent que c'est le chemin du retour. Le pas est rapide. Mais je choisis de prendre un autre chemin que celui du départ, en suivant la piste équestre, et ils font grise mine. Mais pas pour longtemps, car le chemin herbeux est très agréable dans les bois de Chabraire. Les 2 derniers kms sur le goudron et en plein soleil détendent tout le monde, "on sent l'écurie".
Cette randonnée est magnifique, avec des vues imprenables, des beaux chemins larges, des passages techniques, des dénivelées, des petits sentiers, la vraie randonnée. La nature est très variée, il y a des belles forêts, des estives très étendues, et il y a même un intérêt gastronomique (fraises de bois, myrtilles, framboises et groseilles). J'ai eu beaucoup de rencontres sur les sentiers très fréquentés. Tous les sentiers sont bien balisés.